Les anglo saxons l’ont adoptée depuis longtemps, c’est la fameuse gap year, l’année que les étudiants prennent entre la fin du lycée et leur entrée à l’université. Souvent, ils en profitent pour voyager.
Mais cette année de césure est-elle utile? Quel est son objectif? Comment l’optimiser?
Parents n’ayez pas peur!
En France, l’année de césure arrive enfin dans nos mentalités, Parcoursup l’offre même désormais comme possibilité. Je vous partage un article de l’Étudiant qui explique comment.
Certains des parents que je rencontre s’en effraient, évoquant une année qui ne servirait à rien et l’impossibilité de raccrocher avec les études ensuite; certains étudiants parlent d’année sabbatique et leurs yeux brillent à l’idée de ne rien faire du tout…
Par ailleurs, la pression actuellement exercée par la société, les parents et les institutions scolaires renforcent l’angoisse existentielle naturelle ressentie par les jeunes autour de ce questionnement : « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie? ». Certes, cette pression extrinsèque peut être légitime, le marché de l’emploi actuel et les mutations en cours sont anxiogènes; mais le rôle des adultes est de soutenir le jeune qui s’envole, pas de lui plomber les ailes.
Une année initiatique
Enfin, force est d’observer que notre société manque cruellement de moments d’initiation et cette année de césure peut être envisagée comme un rite initiatique.
Je vous recommande fortement l’article de Boris Cyrulnik, qui remet les choses à leur place.
Selon le célèbre psychiatre, « le problème est que l’on fait sprinter nos jeunes, et ces jeunes, en sprintant, se cassent souvent la figure. Après le bac, ils s’orientent trop vite, alors qu’ils ne sont pas encore motivés. Ils s’inscrivent dans n’importe quelle fac, et la moitié d’entre eux vont échouer. Ils vont alors être humiliés, malheureux, à l’âge où l’on apprend neurologiquement et psychologiquement à travailler. Le risque est, alors, qu’ils se désengagent, surtout les garçons, qui décrochent plus que les filles.
Or, ce qui peut aider un jeune à prendre sa voie, c’est son pouvoir de rêve. Il faut ensuite se réveiller, bien sûr. Le rêve mène au réveil. Mais si un jeune arrive à rêver et à se mettre au travail, il pourra prendre une direction de vie. »
Bref, vous l’aurez compris, je recommande parfois aux jeunes que je rencontre cette expérience là.
Pour réfléchir, l’être humain a besoin de temps
Certains jeunes ont donc besoin de prendre du temps; temps pour penser leur destin, pour aller se confronter au monde tel qu’il est. Pour se trouver soi-même, d’autres auront besoin parfois de s’envoler du cocon familial.
Car c’est de cela dont il s’agit quand on parle d’orientation scolaire: se connaître pour ou aller vers qui on est; cela implique de se connaître, de connaître ses talents, de s’être frotté au monde pour voir ce que l’on vaut, et d’avoir eu le temps de rêver sa vie pour réaliser ses rêves.
Alors, ne rien faire pendant un an? Il ne s’agit pas de ça. Il y a plusieurs façons d’envisager cette année de césure, selon le profil du jeune.
Des idées concrètes pour une année de césure réussie
Certains auront envie d’ (enfin) aller sur le terrain, d’exercer leur intelligence concrète, gagner leur vie, en exerçant des petits boulots à l’étranger par exemple. Ils en reviendront forts d’une intelligence de la situation que l’école a la française ne leur apprend pas.
D’autres, animés par la soif de découvertes, d’autonomie et d’aventures, allieront voyages, et service à la communauté, en aidant des ONG sur place. Ne pas oublier le service civique qui offre de belles opportunités.
Des missions à l’étranger vous sont proposées ici.
D’autres encore iront apprendre une langue ou la renforcer. Pour les familles qui vivent à Barcelone, voici une institution qui propose des programmes intéressants au Canada.
J’aimerais vous parler aussi du Programme césure Eureka, organisé par Made In, établissement innovant en management et arts numériques, à Lyon. Made In appartient au célèbre réseau des Maristes.
Voici un programme ouvert aux plus de 18 ans, qui a pour ambition de proposer une année de césure organisée, et qui a pour objectifs de mieux se connaître, de se cultiver et de donner du sens à ses choix et son orientation.
Ce programme propose des cours (sous forme d’ateliers et de séminaires) de musicologie, d’anthropologie, de théâtre, d’anglais intensif, de communication, d’ateliers d’écriture, d’innovation, de développement durable, de géopolitique… De nombreux rendez-vous de coaching sont aussi prévus, afin de déclencher une réflexion sur soi et sur ses talents. Sur 30 semaines et avec une possibilité d’effectuer un stage à l’étranger de juin à octobre.
Je vous télécharge le lien de ce tout nouveau programme créé cette année.Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à contacter la responsable du programme, Marie Hélène Demoy Lavirotte de ma part: marie-helene.demoy-lavirotte@sainte-marie-lyon.fr
Bref, l’année de césure est tout sauf une année sabbatique: c’est une parenthèse qui peut être, au choix, inspirée, utile, formatrice. C’est parfois grâce à cette expérience que le jeune va pouvoir enfin développer ses talents et donner du sens à sa réussite.
Une orientation scolaire réussie s’anticipe: on doit pouvoir l’envisager idéalement avec le temps comme allié et non comme un calendrier avec des deadline qui la déterminent.
Comme le dit Boris Cyrulnik: surtout, «ne pas se précipiter », année de césure-ou pas.
Bonnes réflexions…et bon envol!