
Quelques jours après la fin du confinement, les premières réponses de Parcoursup sont arrivées ; on demande à nos jeunes de décider de leur avenir en quelques jours.
Parents, ne faites pas comme si rien ne s'était passé
Comme ce ne sera pas Business as usual, ce ne sera pas orientation as usual.
Comme nous, nos jeunes ont vécu deux mois inédits, historiques et bouleversants.
Ils se sont connectés, pour la première fois pour beaucoup d’entre eux, d’une manière palpable, à la mort.
Les enfants et les ados, on le sait, ont une grande préoccupation : celle de perdre leurs parents, leurs proches. Or, avec cette pandémie, non seulement c’est devenu possible là, tout de suite, mais on leur a dit et répété qu’ils étaient vecteurs de contagion et donc être responsables de la mort de leurs grands-parents. Orientation as usual ?
Ils nous ont entendu, nous leurs parents, parler de boucherie économique, de chômage, de fermeture d’entreprises, de dépressions… Certains déménagent subitement de pays cet été et iront terminer leur lycée ailleurs. Orientation as usual ?
Nous avons perdu nos repères, nous ne savons pas où on va, le sol bouge sous nos pieds, l’angoisse collective s’hystérise parfois, nous alternons entre angoisses et curiosité, voire créativité dans la même journée…orientation as usual ?
Choisir son orientation c’est déterminer une destination motivante et désirée.
Comment savoir où on va quand l’échafaudage qui nous soutient (les parents, la société) tangue voire promet de s’effondrer ?
Alors, comment aider son ado ?
On peut d’abord s’interroger sur ce que c’est que de s’orienter : c’est recevoir et se donner l’autorisation de rêver, de se projeter pour décider.
S’il est pris par la peur, le cerveau n’est pas disponible pour rêver, se projeter et décider. La peur est le principal obstacle à la réalisation de soi.
En tant que parent, on peut donc commencer par accueillir la peur de son ado. Lui dire que c’est naturel d’avoir eu peur pendant ces deux mois, et qu’il a fait preuve d’un grand courage en protégeant ses proches. Qu’il a le droit de ne plus savoir si finalement c’est cette formation en droit à Paris qui l’attire… Ou que c’est peut être compréhensible que l’annonce de certaines universités canadiennes de faire le premier semestre en visioconférence rend le projet moins motivant… Sans compter les nouvelles contraintes budgétaires nées du bouleversement économique familial qui peuvent brutalement recadrer le projet.
J’observe trois types de comportement chez les jeunes qui viennent me voir pour faire un bilan depuis le début de la pandémie.
Les uns s’ouvrent aux possibles. Ceux qui ne pouvaient envisager d’aller “perdre un an” en année de césure à l’étranger s’ouvrent soudain à cette possibilité du pas de côté, d’aller voir ailleurs. C’est désormais envisageable par la famille, puisque tout a changé autour, et que finalement, ce qui compte, c’est de vivre, de se découvrir, d’ouvrir ses ailes, d’aller se confronter au monde.
D’autres ont réalisé pendant le confinement à quel point ils aiment leur environnement, qu’ils ont besoin de leurs amis, de leur famille, que c’est ça qui compte vraiment. Et le départ pour le Canada qui les faisait tant rêver leur paraît soudain surfait, inutile. Leur projet d’études se recentre sur leurs valeurs.
Et puis, d’autres jeunes qui rêvaient aussi de partir, se trouvent soudain cloués au sol. Comme les tout petits enfants qui ont peur de sortir dans la rue après le confinement, ils sont paralysés par la peur. Il faudra du temps, de la confiance, de l’écoute, beaucoup d’écoute pour les accompagner. Parce que le destin d’un jeune c’est de s’envoler.
Ces deux mois ont agi comme un catalyseur. Le confinement a pu exacerber les envies, faire murir les projets ou les figer … Il est très important que nous parents, écoutions nos jeunes, accueillions avec bienveillance et flexibilité des changements de positionnement, les accompagnions dans une peur qui peut être paralysante pour certains… pour les aider à sortir dans le monde avec confiance, à déployer leurs ailes comme le condor dans la video ci-dessous. Le condor qui sort de cet enfermement ne s’envole pas d’un coup. Il a besoin de temps, de se souvenir qu’il peut le faire, qu’il l’a déjà fait.
Parents, soyez patients, flexibles, respectueux, ouverts ! Nos jeunes vont construire un monde nouveau, accompagnons leurs hésitations et leurs trébuchements avec sérénité, recul et CONFIANCE.
Si votre jeune est perdu, qu’il n’arrive pas à prioriser ses choix, un bilan d’orientation peut l’aider à y voir plus clair et prendre ses décisions. Plus d’infos sur les bilans lycéens ICI
PS: J’ai écrit cet article en regardant une video partagée par Caroline Burel sur Facebook, merci à elle. Il s’agit de la libération d’un condor après des années d’enfermement. Elle m’a bouleversée. Regardez-la jusqu’au bout et montez le son! A partager avec son ado bien sûr.